Il me semble important de faire un point sur cette particularité, très souvent citée, qui est source d’une grande de souffrance chez beaucoup d’entre vous.

Tout d’abord on naît hypersensible, on ne le devient pas et on le restera toute sa vie. On dispose aujourd’hui de suffisamment d’images cérébrales pour affirmer que l’hypersensibilité se voit dans le cerveau. Les zones vont s’allumer plus vite et en surnombre par rapport à un cerveau neuro-typique. Certains n’auront de cesse d’apprendre à la cacher, à la contrôler mais ça ne changera pas leur véritable tempérament.

Leurs émotions sont exacerbées, ils ressentent tout X10000, les bonnes comme les mauvaises choses d’où un yo-yo émotionnel qu’eux même ne peuvent comprendre et/ou contrôler. Il y a encore quelques années ils étaient diagnostiqués et traités pour bipolarité.

Ils ont une grande empathie, parfois gênante et envahissante.

Ils sur-investissent les relations. Extrêmement loyaux, avec des valeurs fortes, ils ne peuvent concevoir la méchanceté et la manipulation ce qui peut en faire des proies faciles. Dans les relations amoureuses ils ont du mal à trouver la juste distance, ils peuvent vite devenir envahissants et fusionnels. Ils sont pénibles et exigeants. Comme pour tout le reste ils aiment et souffrent intensément. Pourtant difficile de renoncer et de se contenter de la tiédeur d’une relation plus apaisée.

Ils sont très sensibles à la critique et passent souvent pour des personnes très susceptibles.

Ils y a également une hyperesthésie. Ils sont particulièrement sensibles à la lumière et aux bruits. On retrouve même parfois une misophonie (trouble neurologique caractérisé par des états psychiques fort désagréables provoqués par un son spécifique).

Ils sont vite sur-stimulés ce qui peut leur donner un côté explosif (qui les fera culpabiliser).

Le monde est très violent pour eux, ils se sentent souvent en décalage avec les autres, incompris, jugés… Leur besoin d’amour et de reconnaissance, jamais satisfait, crée une vraie souffrance. Pour tenter d’être « comme les autres » ils mettent un masque social d’où des relations qui manquent d’authenticité et augmentent le décalage avec soi. Les moments d’angoisse et les symptômes dépressifs sont très fréquents.

Et maintenant que faire ?

  • Apprendre ce qu’est l’hypersensibilité afin de comprendre son fonctionnement et s’accepter.
  • Se réconcilier avec les émotions et en faire une vraie richesse.
  • Revisiter son histoire avec ses nouvelles lunettes, réinterpréter son enfance avec ses nouvelles connaissances pour reprendre confiance en soi et augmenter son estime de soi.
  • Trouver des stratégies pour se protéger (par exemple ne plus regarder le journal télévisé, s’entourer de personnes positives, s’interdire de réagir sur l’instant mais prendre le temps…).
  • Trouver des moyens pour s’apaiser (prendre du temps pour soi, s’isoler, se couper des stimulations, être au plus proche de ses besoins, trouver des ressources dans la nature…).
  • Ecouter sa voix intérieure et se faire confiance. Il faut accepter l’intuition sans passer par le mental, respecter ce que l’on ressent sans chercher à l’interpréter.
  • Prendre sa place et s’affirmer comme hypersensible.

Et pour finir une petite phrase d’Elaine Aron, autrice phare dans ce domaine : « Quand les personnes hautement sensibles peuvent garder une certaine quiétude ils deviennent des meneurs émotionnels et ainsi aident le monde ». N’est-ce pas un magnifique challenge, plein de sens ?